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Laurence-Edwige ANDREANI-BEYSSAC
Jean Rambaud, journaliste passionné
Jean Rambaud était écrivain. De talent : plume alerte, style généreux,
inspiration ardente. Mais ceci ne raconte pas l’homme, ceci ne décrit que son
écorce : Jean Rambaud, aux yeux si bleus, au coeur si tendre, le malicieux
bourru, le séduisant-séducteur, l’auteur vif-argent du mythique «Adieu la
Raille», Jean Rambaud, tel qu’en lui-même, était Journaliste.Avec un « J » en
capitale : pour dire l’ampleur du mot, la puissance du rôle, et pour être fidèle
au vieux vocabulaire d’imprimerie, du temps du plomb, quand les majuscules,
oui, étaient des « capitales » et les minuscules des « bas de casse ». Car Jean
Rambaud utilisait ses mots même hors champ du métier, aimant les traditions,
et faisant de son mieux pour retarder leur enfouissement dans les poubelles
du souvenir.
Journaliste ? En rêvait-il, jeune collégien lorsqu’élève brillant mais
indiscipliné, il chahutait dans la cour du lycée Peiresc ? Ou bien jeune
homme, lorsque fusil en mains, il combattait dans un maquis du Sud-
Ouest, rejoint pour échapper au STO ? En tout cas, de retour à Toulon
après la guerre, il retrouve l’un de ses anciens professeurs de lettres, Jean
Cazalbou -bien placé pour connaître ses qualités d’écriture- qui
l’embauche dans le journal local, « Le Petit Varois », dont il est devenu le
rédacteur en chef. Premier poste, premiers articles : sous le pseudonyme
de Jean Rivois (qui « révèle son attachement à son appartenance
dauphinoise » a écrit Charles Galfré). Peut-être ne le sait-il pas encore
mais la voie vers Paris lui est ouverte. Après un détour en Isère, au
quotidien « Les Allobroges », le voilà effectivement, dans la capitale où il
se lie avec Antoine Blondin qui lui offre un passeport pour « L’Equipe ».
Là, il fait connaissance avec le travail de secrétaire de rédaction : noble
rôle, réservé aux meilleurs, certes, mais retenir Jean Rambaud, sa
débordante énergie, sa curiosité insatiable, son aptitude aux « coups de
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