gueule » entre les quatre murs d’un bureau…D’où son bonheur lorsqu’en
1961,
il est recruté au « Monde », alors sous la conduite de Beuve-Méry.
Le « journal de référence » vient d’engager l’un de ses meilleurs
chroniqueurs. Il y restera jusqu’à l’heure de la retraite, heureux comme un
poisson dans l’eau, fier d’appartenir à une équipe d’excellence. Et… s’y
démenant comme un beau diable pour demeurer coûte que coûte sur le terrain.
Journaliste, donc. Un vrai. Un bon. De ceux qui croient au sacerdoce du
quatrième pouvoir, à la vocation du témoignage, à l’art de la critique, à
l’obligation de morale du commentaire. De ceux qui « refusent les
galons » (c’était sa propre expression), loupent royalement l’entrée dans
la hiérarchie, pour arpenter le monde, en quête de ses mystères, ses
surprises, préférant aux pompes et aux titres, à la qualité ronflante d’une
carte de visite et aux émoluments haut de gamme, le double bonheur de la
découverte et de l’écriture.
Découverte ? Ecriture ? Oui, au service de la « vraie » vie, des « vrais » gens,
tous sujets confondus, jusqu’à conquérir un territoire propre dans les colonnes
du plus prestigieux quotidien français. Un territoire de papier imprimé où
défendre et illustrer le territoire de Provence : avec savoir, probité, passion.
Sous toutes les formes admises dans la presse écrite - enquêtes, reportages,
récits, portraits, billets -, il a dit la Provence et ceux qui la peuplent,
façonnés par elle depuis des générations ou accueillies avec douceur parce
que dignes d’elle. Loin des clichés, ignorant des modes, sans complaisance
pour le joli, le facile, avec prédilection pour les sujets hors sentiers battus,
les thèmes inédits, il l’a défendue et illustrée, mu par une passion sans
bornes et armé d’un ton inimitable
«
Ecoute bien, me disait-il, écrire c’est
avoir un ton. Voilà ! ».
Un ton puissant, chaleureux, élégant, aussi
personnel qu’une empreinte digitale, que sa plume soit au service d’une
œuvre-livre ou d’une œuvre-article.D’ailleurs, faisait-il lui-même la
différence, lorsque penché sur la feuille blanche (il détestait la machine à
écrire :
«
Quand la main est au contact du papier, l’élan sort des tripes,
remonte vers l’épaule, descend vers le poignet, lui donne une force ! »
)
,
il
s’installait dans un tête-à-tête quasi amoureux avec « sa » Provence ? En
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