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les livres que personne ne lit jamais - et les vieux journaux, mine
inépuisable de renseignements en tous genres…
La publication du livre donna lieu à une sympathique signature dans un
café de la place des mûriers et nous nous aperçûmes, Jean et moi, que
nous avions encore beaucoup de copains venus nous taper sur l’épaule.
Jean dégustait avec plaisir ce moment de bonheur…
C’était en somme re-bonjour la raille !
Nos liens d’amitié se resserrèrent d’autant et davantage quand notre éditeur
nous prépara toute une série de signatures dans les librairies ou les points
presse des nombreuses localités du département. Une virée dans la bonne
humeur où Jean qui connaissait beaucoup de monde retrouvait toujours,
comme par miracle, des gens à qui parler du passé.
Je passais le prendre aux Routes place Bouzigues, un nom qui le
réjouissait, près de ses chères restanques, et je le reconnaissais de loin à
son inséparable petit chapeau de feutre à carreaux, style écossais, planté
fièrement sur sa tête. Ce chapeau ne le quittait jamais, c’était son look !
Mais comme il était très distrait, il lui arrivait de l’égarer et de partir à sa
recherche en maugréant. Combien de fois en cours de route l’avons-nous
cherché dans toute la voiture, pour s’apercevoir qu’il était assis dessus !
Un chapeau garanti indéfroissable!
Jean Rambaud était délicieusement bavard, rien ne l’arrêtait quand il
évoquait ses souvenirs et ses rencontres. En voiture il parlait d’abondance
et s’insurgeait en forçant le ton contre nos valeurs qui fichaient le camp,
les journaux qui n’avaient plus d’âme, la société décadente et tout le
toutim ! Dans le feu de la conversation, combien de fois avons-nous fait
fausse route, obligés de revenir sur nos pas, ce qui allongeait le voyage et
la conversation.
Il adorait parler de son travail au Monde, de Monsieur Beuve-Méry qu’il
tenait en haute estime, de ses amis typographes, du journal qu’il fallait
boucler in extremis ou du reportage qu’il fallait accomplir d’urgence dans
les pires conditions.
Le repas de midi, le plus souvent dans de bonnes auberges, nous réunissait
autour d’une table bien garnie et Jean aimait ça, parce qu’il était un bon
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