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Michèle GORENC
Pierre Caminade : « Plus haut vivre »
A Madeleine
«
Vivant » ! Avec ce cri jailli du plus profond de l’être, Pierre
Caminade choisit le parti de la vie :
Vivant parmi l’amour
Vivant vivant.
Corps à corps
(1945)
Dès l’adolescence, il opte pour une révolution des esprits et des
corps, libérés des pesanteurs de l’histoire et des conformismes, car
«
l’homme porte en lui les statures, les murs et les buissons qui le
dominaient enfant » (
Reliefs
, 1967).
Pourtant, si l’objectif est excitant,
le poète se trouve confronté à ce dilemme : comment passer de la
révolution personnelle à la libération de tous ?
Ainsi, l’œuvre de Caminade ne peut se comprendre que par sa
mise en perspective dans une histoire du XX
e
siècle comprenant
événements historiques, idéologies, courants littéraires et
philosophiques, progrès des sciences… L’irrépressible jaillissement de
sa pulsion de vie qui s’accompagne d’une créativité polymorphe et
démiurgique se pense dans la globalité.
Son œuvre naît au confluent de plusieurs pôles. Il y a d’abord
une poétique de l’intime, illuminée par la joie profonde d’exister, de
sentir, de jouir : « Vivant ». Puis il y a l’exercice de la pensée réflexive,
spéculation pure confrontée à l’épreuve de la réalité du monde et de
l’altérité, vivacité d’esprit d’une personnalité qui rayonne, ardente à
l’échange, à la joute, à la maïeutique : « Et plus que jardin / Dialogue ».
Et il y a aussi tout ce qui procède du rapport spécifique à l’art, création
autant que réflexion, réunies dans l’acte de médiation, Caminade étant
tout à la fois – ensemble ou alternativement – critique, créateur,
concepteur, organisateur d’actions culturelles : « Plus haut vivre ».
Poésie, dialectique, art, voici donc trois données fondamentales
selon lesquelles s’architecture l’œuvre. Mais plus encore essentiel,