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s’ajoute leur liant, le principe qui impulse la vie, l’amour, sous sa forme
la plus universelle et primordiale : éros. C’est lui qui relie et unit, et
par lui que tout vit :
Plus haut vivre,
Plus haut racines de terre,
Toi.
Plus haut, plus haut, tout bas,
Tout bat.
Le double du baiser
(1941)
Voilà rapidement évoquées les grandes lignes permettant
d’aborder l’univers de Caminade. La célébration de son centenaire
donne l’opportunité de faire le bilan du travail accompli et
d’approfondir quelques thèmes, avec les études présentées ci-après.
Dans un premier temps, des bases ont été posées, avec d’une
part,
Présence de Pierre Caminade
,
publié dans la collection « Var et
poésie » de l’Université du Sud Toulon-Var, en 2000. Des
témoignages, des hommages d’amitié, des exégèses, des extraits, des
photos et la bibliographie exhaustive tracent la silhouette de l’homme,
les contours de l’œuvre et des voies de recherche thématique ou
globale. D’autre part,
Se surprendre mortel
,
paru aux éditions du
Castor astral en 2004, collige la poésie complète et offre au lecteur la
découverte et le parcours des recueils publiés de 1932 à 1997 par
Caminade, de son vivant.
Dans un second temps, Madeleine, l’épouse du poète, a donné
ses documents de travail au fonds littéraire des Archives municipales
de Toulon. Dossiers, inédits, originaux, bibliothèque, brouillons,
correspondance, photos… constituent désormais le complément
indispensable de l’œuvre, pour la comprendre, la situer, l’apprécier.
Ces archives en sont la chair et le sang qui l’irrigue, la présence qui
vibre (« Tout bat »).
En 2011, pour le centenaire de sa naissance, nous privilégions
l’écriture poétique. Ancré dans la filiation de Mallarmé, de
Lautréamont, de Rimbaud, de Valéry, de Breton, et annonçant Ponge,
Caminade invente un « nouveau mode de parole poétique et politique »,
comme le montre Guy Auroux, dans son travail sur
Le double du
baiser
(1941).
Pour « changer la vie » (Rimbaud) et « transformer le
monde » (Marx), le poète « imagine une méthode avec des dispositifs
qui, empruntant simultanément à tous les arts, recourant au langage
poétique pour exalter les pouvoirs du rêve et de l’inconscient,