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qui dénoue, le poète donne sens, augural.
l’expérience du sujet
L’arabesque du chanvre se dessine, là, explosive, entre
gravillons et brins d’herbe. Son élan figure et le déchirement et
l’itinéraire. Paraphe, il est à soi son début et sa fin. En son expansion
figée, son abstraction contrarie les schèmes clairs de nos catégories.
Ce pur morceau de matière se pose en hiéroglyphe de l’évidence, du
simple. On contemple ce monde coi qui déborde les mots. Que
divulgue-t-elle cette pseudo écriture dans sa passibilité ? L’insignifiant
déjoue notre savoir quand celui-ci s’en tient au connu, au déjà vu. Par
ce que la langue tait, ne sait dire, délaisse – l’exclus, le hors – le couple
appréhende un mode de communiquer libéré par ces indicateurs du
silence. Indices de quel visible, quel monde, quels pensers ? Pour quel
liseur ?
Qu’est ce que déceler ? Trouver ? Trouveur, le poète est, d’avoir
su « se surprendre mortel », un ouvreur à la présence, un passeur. Son
regard et sa parole le situent dans l’ouvert du monde (après Hölderlin,
après Rilke), à l’orée du dicible, là où s’arrête ce qui signifie. En deçà
de la raison, la perception, la pensée lucide et transgressive coïncident
avec ce monde quiet et ses objets qui nous environnent, toujours
individués, spatialisés. L’incompréhension, l’impouvoir des mots ne
sont pas incommunicabilité fatale pour l’artiste, le
voyant
.
Cela qui
s’insinue, qui étonne, qui insiste, indique un hors champ du langage,
crée, non l’issue, mais un passer outre.
Le micro événement délie un espace transfini de directions.
Ombilic de l’ailleurs et du proche, il met en tension le sujet, qui le
dégage comme avènement, et le monde connu inconnu. Il met en
dialogue un sujet couplé dans l’aventure singulière. Emblème de qui
l’observe, il désigne tout le chemin les menant ici. Fil, trace, chemin,
rencontre et démarche sont un. Trois textes en vont naître, à
l’enchaînement discontinu, digressif, explosé.
Chemin faisant, la trouvaille qui requiert le chercheur poète
qui étudia la métaphore
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concrétise ici cette figure rhétorique. Sa
matérialisation le sur-prend. Elle dépasse l’ordre du discours.
Comment transmettre l’ineffable d’une rencontre objective et
subjective ? Comment dire cette étreinte doublement sentie ? Pour le