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La publication de la bibliothèque municipale de La Seyne-sur-Mer,
Regard d’un poète sur 29 plasticiens de passage à La Seyne-sur-Mer
(1958-1993)
restitue cette voix précise, scrupuleuse et lyrique. La
critique devient poème et le poème s’affirme critique. Ainsi,
Sur deux
gouaches de Jean Neuberth
Nul
Rien
Sauf sous un vif soleil bleu
Les fleurs translucides des vertèbres
J’enlumine l’obscur
20
.
Sans oublier la poignante dédicace à Andres Serrano à
l’occasion de son exposition
The Morgue
(20
mars – 30 avril 1993), à
la galerie La Tête d’Obsidienne, au Fort Napoléon :
Et cette fente et cette peau et elles seulement
et ces baisers et le baiser obscur
ce chant des désastres et des néants vaincus
par la solitude de la lumière, de la peau et
de mon pathétique baiser
21
.
Ainsi, se dévoile la confluence des lignes de vie de Pierre
Caminade. La fusion du critique, du philosophe et du poète, par et
pour l’écriture, réalisant dans la constance de l’éphémère « la synthèse
du politique, du poétique et de l’amour ». Cette intuition de la
possibilité d’une vie autre, désaliénée, envisagée comme un processus,
un devenir, une « expérience de transformation de la conduite de la
vie », de sa propre vie avec Madeleine. « Le lieu des similitudes, des
objectivités, des dépersonnalisations, de l’espace ouvert, de la
communauté, de l’identification de l’être – du divin, si l’on tient à ce
mot –, est la plage infinie et chaude de la nudité double et multiple.
La plus haute œuvre de l’art est l’action et le geste d’amour
22
».
1
Charles Galfré, « Journaliste aussi » in
Présence de Pierre Caminade
,
Var et Poésie n°2,
Edisud, 2000, p. 33.
2
Jean Passaglia,
Etraves
n°1, éditorial, printemps 1967, p. 3.
3
Jean Ravoux,
Etraves
n°4, éditorial, hiver 1967, p. 3.
4
Georges Mathieu, De l’
Abstrait au possible. Jalons pour une exégèse de l’art occidental
,
Zurich, Edition du Cercle d’Art Contemporain, 1959, broché, sous couverture illustrée, 56 p.